Lettre 41 de Jean-Antoine Dautun à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe. Inédite. (F et L)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.D.3

Je loue dieu

Dautun a été bien aise qu'un aussi bon juge que [Henri] Arnaud lui ait confirmé avec tant d'exactitude dans sa lettre l'heureux succès de JA dans la soutenance de ses thèses[Exercitatio philosophica]. Toutefois, ni lui ni JA ne lui ont répondu lorsqu'il leur a demandé s'il était vrai, comme le voulait le Mercure galant, que le prince [Victor-Amédée II de Savoie] eût voulu permettre aux pauvres Vaudois de se retirer avec leurs meubles, et de plus qu'on eût décidé de bailler les prisonniers aux Vénitiens pour leurs galères. Combien d'entre eux sont-ils tombés? Quelles conditions leur a-t-on faites? Il voulait écrire à Arnaud pour lui poser ces questions mais il a eu peur que celui-ci ne fût plus à Genève. JA aura la gentillesse de lui demander de bien vouloir répondre à Dautun sur ces points, ou voudra bien le faire lui-même en se renseignant précisément. Il est sûr que le père de JA est bien informé sur les Vaudois. Il est vrai que si la relation que le Genevois lui a promise dans sa lettre devait arriver bientôt, il suffirait qu'il la lui envoie sans se donner d'autres peines. Il a vu passer, il y a quelques jours, [Jean] Bernard de Manosque qui s'en allait à Zurich. Il lui a dit que JA lui enverrait la suite de ses sermons [Le Combat du fidèle]. Dautun joint à cette lettre un billet pour Mademoiselle de Vibron qui a demandé de ses nouvelles et dont il ne connaît pas le logis. Dautun fait ensuite des remarques sur l'abrégé de logique rédigé par JA. Pour ce qui concerne la définition de la logique, il faut remarquer 1) qu'elle ne dirige pas seulement l'intellect dans ses opérations mais aussi la volonté 2) que c'est trop de dire qu'elle dirige les opérations de l'intellect alors que certaines, comme celles qui concernent les choses de la foi, ne dépendent pas d'elle mais de l'autorité et sont posées selon les règles de la logique. Pour ce qui concerne la II^e thèse, 1) JA dit que, grâce à la logique, on rétablit le bon usage de la raison perturbé par le péché des premiers hommes. Si la logique rétablit le droit usage, cela veut dire que le mauvaise usage n'est pas un vice naturel, alors que JA semble dire le contraire ailleurs 2) ceux qui ont construit la logique n'ont eu recours à aucune révélation divine mais seulement à la lumière naturelle. Faut-il alors penser que la raison de ceux-ci n'était pas détournée? Pour Dautun, le mauvais usage de la raison n'est pas un fruit du péché mais est inscrit dans la nature humaine. La dernière remarque concerne la IV^e thèse qui porte sur le rapport entre la logique et la méthode. On apprend la logique avant la méthode et celle-ci seulement à la fin de celle-là; mais alors, si la logique s'apprend sans la méthode, celle-ci est-elle nécessaire pour apprendre les autres disciplines? Il imagine déjà la réponse de JA, à savoir que même si la méthode n'est pas nécessaire pour ceux qui apprennent maintenant une autre discipline, elle est toutefois nécessaire pour ceux qui ont appris une autre discipline en premier pour pouvoir l'enseigner. Voici donc quelques objections en attendant celles qui suivront; Si Dautun les formule ce n'est pas parce qu'il y attache de l'importance mais pour entretenir un si doux commerce.

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Genève

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Genève

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Genève

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