Lettre 920 de Pierre-François Olivier à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.O.1

Dez le moment que

Après avoir reçu la lettre de JA, Olivier a fait appeler la mère de la jeune fille [Jeanne Marmet] en présence de de la Conche qui était chargé de la même mission. Quand la mère a entendu la proposition concernant les 25 écus offerts en réparation à sa fille, elle en a été très surprise et l'a jugée tout à fait inadéquate. Elle s'est récriée contre le malheureux qu'elle a traité de perfide et de scélerat et a fait un tableau très touchant de l'état misérable dans lequel se trouve sa pauvre fille, qui a déjà dépensé 300 florins pour ses couches et le reste, et se trouve déshonorée aux yeux du monde. Olivier avoue qu'il est impossible de ne pas être sensible aux raisons invoquées par la femme et que ce serait très injuste d'abandonner une jeune fille à laquelle Dieu a fait sentir la grandeur de sa faute. C'est une paroissienne qu'il connaît et envers laquelle il a de l'obligation. C'est pourquoi il entre dans les sentiments de cette mère affligée et partage son avis. On se moque d'elle quand on lui offre, comme dédommagement, une somme aussi ridicule. En effet l'homme a abusé de la jeune fille sous promesse de mariage, sans parler de ses lettres, de son portrait, de sa bague etc. Or il est vrai, comme le dit JA, que le valet s'est évadé et qu'il ne reviendra pas mais les choses ne seront pas simples pour lui. En effet, s'il se conduit de cette manière, il peut être assuré que la fille justifiera publiquement ses engagements et, par cet acte publique, mettra, du mieux qu'elle le pourra, son honneur à couvert; ensuite elle prendra les mesures qu'elle jugera les plus opportunes. Où qu'il aille, en Hollande ou en Angleterre, le jeune homme sera poursuivi et redoutera la justice et la vengeance de Dieu. Son maître aussi a tout avantage à ce qu'il fasse réparation puisqu'il y va de sa conscience et de son honneur. Tout ce que la jeune femme demande, c'est qu'il l'épouse et se charge de leur enfant; pour le reste, il pourra aller où il voudra et suivre son maître. Si une telle chose n'était pas possible et s'il fallait en arriver à un accommodement, il faudrait un acte officiel devant notaire par lequel la jeune femme renoncerait à ses prétentions et le jeune homme avouerait ses engagements; il se chargerait d'entretenir l'enfant et dédommagerait la fille des frais qu'elle a supportés et de ses peines. Si le jeune homme ne fait rien de tout cela, il sera partout en proie au remord et aux poursuites de la justice; sa conscience lui reprochera d'avoir donné la vie à un enfant pour l'exposer ensuite à la misère et à la mort. Qui du reste, ayant la conscience délicate et étant bon, voudrait employer un homme qui a commis un tel crime? Que deviendront la mère et l'enfant? Olivier demande encore une fois à JA de représenter tout cela au maître en lui demandant justice. Il prie JA de demander à Gassox, ce galant homme, d'accorder son intercession; il s'agit de sauver deux âmes, celle de la mère et celle de l'enfant.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre