Lettre 3545 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, adressée. Inédite. (F)
BibliothÚque de GenÚve, Ms fr 491 (f.27-29)

Monsieur D'Yvernois

Le porteur de cette lettre, d'Ivernois, est un Ă©tudiant en thĂ©ologie qui a fait une partie de ses Ă©tudes Ă  BĂąle et qui va les continuer Ă  GenĂšve, comme Ostervald le lui a conseillĂ©. Il est judicieux, laborieux tant que sa santĂ© le lui permet et mĂšne une vie rĂ©glĂ©e; Ostervald le recommande Ă  JA en lui disant que le but de son voyage est justement de pouvoir bĂ©nĂ©ficier de ses conseils. Celui-ci devra le conseiller notamment pour ce qui concerne la rĂ©citation et la prononciation. Certes cela dĂ©pend beaucoup de la nature; le jeune homme en question a quelque chose d'embarrassĂ© dans sa maniĂšre de prĂȘcher mais le fait de pouvoir entendre des gens qui parlent bien l'aidera sĂ»rement. Ostervald a Ă©tĂ© trĂšs touchĂ© et consolĂ© par ce que JA lui a Ă©crit sur la mort de [Jean-Henri] de Montmollin; ce dĂ©cĂšs l'affecte encore profondĂ©ment, ce sont des plaies qui saignent longtemps. En dĂ©pit de ce triste Ă©vĂ©nement, Ostervald s'est quand mĂȘme rendu jusqu'Ă  Rolle; Manget lui a dit qu'il avait vu JA et l'avait rassurĂ© quant Ă  la maladie d'Ostervald qui n'est pas aussi grave qu'on le lui avait dit Ă  Vevey. Il ne s'est pourtant entretenu avec Manget que quelques heures, voulant rentrer au plus vite pour ĂȘtre auprĂšs de sa fille [Barbe] qui ne se porte pas bien. Celle-ci le charge du reste de remercier JA de la part qu'il a prise Ă  la mort de son mari. Il est nĂ©cessaire que le prĂ©lat [sc. Wake] sache ce qu'on a Ă©crit Ă  Ostervald de Batavia. Il est honteux que les rĂ©formĂ©s abandonnent ainsi les intĂ©rĂȘts de la religion et que les Espagnols fassent autant de conversions. En lisant la relation, il pensait qu'elle aurait eu sa place dans La Religion des Hollandois [de Stoppa]. La lettre dont il a fait part Ă  [Charles] Chais vient d'un jeune homme de 33 ans, trĂšs sage et un peu apparentĂ© Ă  Ostervald. Celui-ci prĂ©fĂšre une relation venant de la plume d'un nĂ©gociant qui Ă©crit sans fard plutĂŽt que de celle d'un homme de lettres. Depuis quelque temps, JA lui parle de l'irreligion qui gagne le dessus; il vient d'un pays oĂč plusieurs ministres lui ont fait la mĂȘme plainte. Un pasteur lui disait que tous les gentilhommes de ces quartiers-lĂ  sont Ă  peu prĂšs des dĂ©istes et que la religion n'est que pour le peuple. Les choses ne feront du reste qu'empirer et cela ne pourrait pas ĂȘtre autrement. Que le Seigneur veuille bien garder un petit rĂ©sidu. La maniĂšre dont les Puissances protestantes ont flĂ©chi dans l'affaire de Thorn [TorĂșn] montre que les considĂ©rations religieuses ne sont pas d'un grand poids.

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