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Lettre 2195 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

[Neuchâtel] 20.06.1711

Vous ne sauriez... m'apprendre

Ostervald est content d'apprendre le rétablissement de la santé de JA; il faut néanmoins que son ami change de style de vie par rapport à l'étude. Comme le lui a dit leur ami commun [Samuel Werenfels], personne ne désire qu'il soit plus savant mais tous veulent qu'il soit en meilleure santé. Celle d'Ostervald est dans l'ensemble bonne; il a néanmoins senti qu'il y avait quelques petites choses qui n'allait pas. Il va donc prendre du repos et ne prêchera pas pendant quelques semaines. Il remercie...

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[Neuchâtel] 20.06.1711


Lettre autographe. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 489 (f.343-346)

Budé, Lettres, III, p.78-80. Omissions.


Vous ne sauriez... m'apprendre


Ostervald est content d'apprendre le rétablissement de la santé de JA; il faut néanmoins que son ami change de style de vie par rapport à l'étude. Comme le lui a dit leur ami commun [Samuel Werenfels], personne ne désire qu'il soit plus savant mais tous veulent qu'il soit en meilleure santé. Celle d'Ostervald est dans l'ensemble bonne; il a néanmoins senti qu'il y avait quelques petites choses qui n'allait pas. Il va donc prendre du repos et ne prêchera pas pendant quelques semaines. Il remercie JA de lui avoir communiqué ses sentiments sur l'affaire des piétistes; [Charles] Tribolet et lui avaient fait à peu près les mêmes considérations et ils ne s'écarteront pas de la voie de la douceur. Ils diront au Magistrat, s'ils sont convoqués, qu'il ne faut pas chasser les gens à cause de différences de sentiments et il faut utiliser la douceur pour les ramener. Il y a une exception à cela; elle concerne le cas de gens dont les sentiments nuiraient à la tranquillité publique. Si on leur demande quels sentiments nuisent à la tranquillité, ils répondront que c'est l'affaire du Magistrat de se déterminer là-dessus. Si on les presse, ils diront qu'il y a trois sortes de gens dangereux : 1) les athées et les impies 2) les papistes 3) les anabaptistes. À l'égard de ces derniers, le droit de les chasser ne repose pas sur l'ensemble de leurs sentiments mais seulement sur ceux qui nuisent à la sûreté et à l'autorité des magistrats. Les Messieurs ont fait comparaître Sandoz [II] et lui ont demandé s'il prendrait les armes et il a répondu par la négative; il se peut donc que le Magistrat l'oblige à sortir de la ville pour des raisons purement politiques sans y faire intervenir la religion. Il y a une autre suite fâcheuse de l'affaire: comme JA le sait déjà, le diacre [Jean-Louis] Chouppard s'était opposé, lors d'une prédication, à ce qu'on chasse les piétistes. Le Conseil n'a pas du tout apprécié cela et Ostervald doit faire part à la Compagnie de cette plainte; le but du Conseil est qu'on lance un simple avertissement au diacre mais le problème est de savoir si celui-ci voudra le recevoir. La plainte ne concerne pas la doctrine mais le fait qu'on ait prêché contre un arrêt du Conseil. Il est vrai que les thèses du cousin de JA [Cogitationes] font du bruit en Suisse mais on n'a donné aucun détail à Ostervald sinon que [Johann Heinrich] Gernler, pasteur de Bâle, a été choqué par elles. On a aussi rapporté à Ostervald qu'à Genève on conseillait ouvertement aux proposants de lire les arminiens, voire les sociniens, et que Limborch et le Nouveau Testament de Le Clerc [Amsterdam, 1703] étaient parmi leurs livres préférés; on ajoute qu'ils ont une pleine liberté de sentiments. Ostervald est convaincu qu'on fait du tort à l'Académie de Genève mais il faudrait peut-être avertir les proposants d'être sages et de lire avec discernement ces sortes de livres. Les jeunes vont toujours très loin et sont indiscrets et imprudents, faisant ainsi du tort à leurs enseignants. Il juge qu'on ne doit pas suivre en tout les sentiments de Limborch et de Le Clerc; les interprétations bibliques de ce dernier en particulier sont très hardies. Dans son Nouveau Testament ainsi que dans ses notes sur l'Ancien Testament, il anéantit presque partout les miracles et les oracles; il ne dit pas qu'il favorise les sociniens, la chose parle d'elle-même. Ostervald a longuement discuté de cela avec Werenfels et ils sont tombés d'accord qu'il faudrait limiter cette liberté excessive des proposants et donner des avertissements à ceux de Genève. On fermerait ainsi la bouche à de certaines gens qui n'attendent que des prétextes pour rendre suspects ceux qu'ils n'aiment pas. Pour ce qui concerne l'opinion personnelle d'Ostervald sur les thèses, à l'exception de quelques endroits, il n'y voit rien de suspect. Et même pour les endroits en question, on pourrait les défendre, comme c'est le cas des décrets. On pourrait dire en effet que la thèse 70 est opposée à la d"octrine des Églises puisque de l'avis de tous les théologiens ce n'est pas assez de croire ce qui est énoncé; mais JA a de son côté l'autorité de P[ictet, Bénédict] et cela vaut mieux que toutes les raisons du monde. En conclusion, Ostervald ne pense pas que JA doive se mettre en souci pour ces thèses. Pour ce qui est des billets trouvés à Genève dans le tronc, c'est tellement grossier que ça ne vaut pas la peine de s'y arrêter. Pour ce qui est de la profession de Marbourg, Ostervald n'a pas de personne à indiquer; il est en effet difficile de trouver une même personne pour les deux fonctions si on veut que les choses soient bien faites. Il voudrait pourtant qu'on pourvoie comme il faut et l'Église et l'Académie parce que c'est un pays qui le mérite; le landgrave de Hesse [Karl VIII] est un des princes les plus religieux qu'il y ait en Allemagne. Ostervald n'est pas surpris de ce qui est arrivé au diacre de Rolle [Fevot] ; il avait déjà ouï parler du ministre [Jean-Rodolphe Hollard] mais cela ne lui fait aucune peine. Peu de jours auparavant, on lui avait écrit du Pays de Vaud qu'on avait jugé hétérodoxe la théologie que certains proposants avaient extraite des leçon d'Ostervald; il ne s'en soucie pas, il faut laisser faire certaines gens qui ne se conduisent que par passion. On a presqu'achevé d'imprimer le sermon de Werenfels [Sermon sur 1 Cor.VI.20] ; JA verra avec plaisir que le début du sermon et sa thèse 66 n'en font qu'un. Ostervald ne sait pas encore comment se résoudra l'affaire de la profession en théologie mais ce ne sera pas de sitôt. Il y a à Genève un jeune ministre de Zurich nommé [Hans Jakob (?)] Hospithaler qui a passé par Neuchâtel; il trouve qu'il a bien de mérite et un amour sincère pour la vérité. Voici la fin d'une longue lettre; mais les longues lettres doivent moins déranger JA quand il est à la campagne, comme maintenant, que quand il est en ville.

Adresse

[Saconnex (Genève)]


Lieux

Émission

Neuchâtel

RĂ©ception

Saconnex (Genève)

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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