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Lettre 4710 de Jean-Alphonse Turrettini à Hans Kaspar II Escher

[Genève] 07.12.1734

Quoi que je

JA veut apprendre à Escher la triste et déplorable situation dans laquelle on se trouve à Genève. Après la séance de la Commission, les Compagnies bourgeoises se sont assemblées plusieurs fois la semaine dernière, en se séparant le samedi après s'être engagées au secret. La veille, à huit heures du matin, elles sont venues en corps, l'épée au côté, environner la Maison de ville où siégeait, commme chaque premier lundi du mois, le Conseil des Deux-Cents. Ils envoyèrent des députés demander 1) la...

[Genève] 07.12.1734


Lettre autographe. Inédite. (F)
Zentralbibliothek (Zürich), FA v.Wyss III.102 (13)


Quoi que je


JA veut apprendre à Escher la triste et déplorable situation dans laquelle on se trouve à Genève. Après la séance de la Commission, les Compagnies bourgeoises se sont assemblées plusieurs fois la semaine dernière, en se séparant le samedi après s'être engagées au secret. La veille, à huit heures du matin, elles sont venues en corps, l'épée au côté, environner la Maison de ville où siégeait, commme chaque premier lundi du mois, le Conseil des Deux-Cents. Ils envoyèrent des députés demander 1) la démission de tous ses emplois et le bannissement à perpétuité, sous peine de vie, du syndic de la Garde [Jean Trembley] 2) la démission de tous ses emplois de [Charles] Lullin, général de l'artillerie 3) la démission de ses emplois de l'auditeur [Philippe] De Carro 4) la démission de tous leurs emplois des anciens syndics Marc-Conrad Trembley, [Jacob] de Chapeaurouge et du conseiller [Jean] Tronchin. Pendant que les Conseils délibéraient sur ces étranges requêtes (dont la dernière n'avait même pas un prétexte de raison), la bourgeoisie prit les armes – soit l'épée soit le fusil – chassa la garnison de tous ses postes et prit possession des portes de la ville, ne laissant sortir personne de la Maison de ville. Les Conseils furent ainsi tenus prisonniers, sans manger, jusqu'à huit heures du soir. Ayant de la répugnance à accepter des demandes si injustes, on leur proposa quelques adoucissements mais ils ne voulurent céder sur quoi que ce soit. Ne pouvant pas résister, on céda à la violence et on leur accorda tout: les places des cinq syndics et conseiller furent déclarées vacantes et actuellement les Conseils sont occupés à les remplir. Voilà comment on récompense des gens honnêtes et vertueux, contre ce même édit que les bourgeois avaient fait confirmer il y a quinze jours à peine par le Conseil général. On est désormais à la merci d'une multitude armée et furieuse, qui n'a d'égards pour personne.

Adresse

[Zurich]


Lieux

Émission

Genève

Réception

Zurich

Conservation

Zurich


Cités dans la lettre