Lettre 162 de Jean-Philippe Du Noyer à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.D.20

Faites moi des plaintes

Du Noyer est honteux de n'avoir plus écrit depuis trois mois mais il a été malade d'un abcès du foie dont il n'est pas complètement rétabli, en dépit des soins appropriés d'un très habile chirurgien. Ensuite il y a eu l'interruption du commerce avec la France, qui lui a enlevé tout moyen de communication par la Hollande. À propos de l'élection de [Pierre] Pinault à la fonction de ministre de l'Hôpital, il faut espérer que Dieu fasse en sa faveur le miracle qu'il fit autrefois en faisant parler l'ânesse de Balaam parce qu'autrement, on ne voit pas qui pourrait le tirer d'affaire. Il est chagriné chaque fois qu'il pense qu'[Antoine I] Léger est dans un tel corps, bien qu'il sache qu'il est comme le juste Loth à Sodome. Il faudrait lui trouver un canonicat de cinq cents pièces en Angleterre. D'ailleurs, Allix vient d'en obtenir un très bon à Salisbury, grâce aux recommandations de l'évêque de la ville [Gilbert I Burnet]. [Pierre I] Allix est un ami de cet évêque mais il a été soutenu par tout ce qu'il y a de plus estimable dans le clergé d'Angleterre. Du Noyer souhaiterait pouvoir attirer [Jean-Antoine] Dautun mais il faut attendre des circonstances favorables. Pour ce qui est des nouvelles de la guerre, on ne peut pas exclure qu'il y ait bientôt un combat entre les flottes anglaise et française. C'est la trahison du chef [Herbert de Torrington] qui a fait que les Français ont eu pendant si longtemps la suprématie en mer contre les Anglais et les Hollandais réunis. On travaille incessament au procès du traitre. Si on voulait voir bientôt expédié l'amiral Torrington, il n'y aurait qu'à l'abandonner aux mains du peuple qui le déteste. On ne sait encore rien de la conjuration qui a fait mettre à la Tour plusieurs nobles, dont lord [Hyde de] Clarendon. On en ignore les buts et les accusations. S'il y a eu trahison parmi quelques membres de la noblesse, il faut dire en revanche que le peuple est resté très fidèle au roi et cela encore plus après la campagne d'Irlande qui leur a fait dire que Guillaume [III] était le premier roi qu'ils aient eu depuis Élisabeth. On prépare les festivités pour son départ. Plusieurs troupes repassent en Angleterre. Le bruit court que le roi passera cet automne en Flandres.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Le terminus a quo se réfère à la date d'emprisonnement de l'amiral anglais Arthur Herbert of Torrington dont Du Noyer écrit qu'on attend incessemment le procès.

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre