Lettre 3223 de Jean Le Clerc à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 487 (f.308-309)

Sina, Epistolario, IV, p.168-169.

Je ne sai... ce que

Le Clerc a laissé sans réponse plusieurs lettres de JA à cause de ses trop nombreuses occupations; il s'est en effet laissé persuader de composer une Histoire des Provinces-Unies depuis le début jusqu'à la paix d'Utrecht. Le premier volume va jusqu'en 1618 mais n'entre pas dans le Synode de Dordrecht; il devrait se trouver en vente à la prochaine foire de Francfort. Il a traité les matières historiquement, sans entrer dans des questions de doctrine, sauf pour la tolérance qu'il soutient comme l'avaient soutenue les États généraux de ce temps-là. Ils l'auraient du reste établie si Maurice, par hostilité envers Oldenbarnevelt, ne s'y était pas opposé par des voies de fait. Ceux qui n'ont pas lu les livres flamands ne savent rien de cette affaire et du reste les livres flamands eux-mêmes la racontent très mal; il l'a présentée sous une nouvelle lumière. Il en enverra un exemplaire à JA et aimerait savoir ce qu'il en pensera. On réimprime, avec des ajouts, dont celui fourni par l'archevêque de Cantorbéry [Wake], les Patres apostolici. Le Clerc a dû aussi s'occuper du vaïvode de Valachie [Maurokordatos], dont il avait envoyé la morale à JA par le biais de Pellissari [I] qui est à Amsterdam; il était à Amsterdam et avait besoin de livres que Le Clerc n'a pu lui procurer qu'avec peine. Il cherche les éditions grecques des Estienne mais certaines – comme le Plutarque en grec d'Henri Estienne [1572] et un Aristote in-4° publié par Sylburg [1584-1587]) – semblent introuvables; c'est un homme très savant, prince juste et bienfaisant, que Le Clerc envisage de mettre en contact avec Wake. Ce dernier a déjà promis de lui envoyer quelques Pères grecs imprimés à Londres ou à Oxford. Il faudrait dire à [Ami (?)] Lullin qu'il a signé pour lui pour le recueil des traités [Dumont, Corps universel] et qu'il a en main un reçu de cinquante francs. Il est maintenant tard pour changer d'avis, à moins d'être disposé à perdre de l'argent. Le Clerc a lu l'édition du Consensus en français et latin [Formulaire de consentement] et a trouvé les notes bien tournées. L'autorité de l'un des collègues de JA [Bénédict Pictet] y est mise en œuvre fort à propos. Les alliés et confédérés sont des gens étranges dont on comprend mal l'entêtement sur cette matière-là. Mais on se fait partout un point d'honneur de ne jamais reconnaître de s'être trompé. En tout cas, c'est l'état d'âme qui règne parmi les théologiens de Hollande. Si les politiques étaient de l'humeur de leurs ministres, les choses iraient fort mal. Il a envoyé à La Haye son Histoire qui a été lue en bonne partie par l'un des premiers nobles de Hollande [Johan Hendrick van Wassenaer], de même que par le secrétaire du Conseil d'État [Slingelandt]. Dès qu'il aura terminé cela, il commencera à imprimer ce qui lui reste de la Bible qu'il ne perd pas de vue. Si on favorisait davantage ce genre d'ouvrage, en se préoccupant comme il faut de l'auteur, il serait fini depuis longtemps; mais tout ce qu'on fait c'est de s'en servir à l'occasion, d'en dire un peu de bien et de faire comme si l'auteur était mort depuis cent ans. En raison de son âge, Le Clerc tâchera pourtant d'achever rapidement l'ouvrage. Il a vu, mais très rapidement, [François] Du Pan et [Jean-Louis] Alléon parce qu'il devait partir le lendemain pour Utrecht avec sa femme; ils lui ont paru très raisonnables. Il a énormément apprécié les dernières thèses de JA [Disputatio, pars prima-tertia, 1721] et espère que Dieu conservera assez longtemps son correspondant pour qu'il puisse achever une espèce de synthèse.

Adresse

Genève

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre