Lettre 2617 de Samuel Turrettini Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.10.I et 1/Gd.T.21

J'apprens avec bien

Turrettini a appris avec soulagement que JA se portait mieux. La séance du matin à la Compagnie a été employée aux provisions [des charges] et on a réglé les modalités du jeûne. L'expéditeur, très enrhumé, a résisté tant qu'il a pu aux attaques menées contre lui mais, faute de candidats, a dû accepter de prêcher à Saint-Pierre la veille du jeûne. [Bénédict] Pictet et Vautier prêcheront le jour du jeûne à Saint-Pierre, [Jacob] Bordier et Gallatin le jeune [Ézéchiel I] à Saint-Gervais, Bessonnet et [Isaac II] Lefort à la Madeleine, [Jean-Antoine] Fatio et [Bénédict] Calandrini à Saint-Germain, [Gabriel II] Rillet à Saconnex. Pour Lefort et pour le père du correspondant [Michel], ils seront à Satigny, tant la disette de ministres est grande. On a ensuite assisté à une scène singulière provoquée par le grabeau, il y a quinze jours, de Bessonnet. On avait en effet trouvé à propos de lui faire dire par son parent [Domaine] Butini qu'étant donné ses difficultés d'élocution, on lui suggérait fortement de se démettre de la modération tout en laissant la chose à sa liberté. Bessonnet a donc fait ce matin une remontrance très vive qui a beaucoup déplu. Il a commencé par s'étonner de la longueur de son grabeau et a fait remarquer que dans un examen destiné à relever des fautes morales, on s'en était en fait pris à un défaut physique dont on eut pu lui parler à un autre moment. Il a aussi dit qu'il avait exercé son ministère pendant dix-sept ans, dont huit ans en ville, à l'approbation de tout le monde et qu'il ne comprenait pas qu'on voulût le mortifier maintenant en le privant de l'exercice d'un droit. Cela ne pourrait que flétrir son ministère et amoindrir son autorité. Il a dit que si la Compagnie persistait dans sa décision, il prierait Dieu qui avait délié sa langue pour la prédication de la délier pour la modération et a demandé aux membres de la Compagnie d'en agir avec lui comme ils en agiraient avec eux-mêmes s'ils étaient à sa place et il a persisté dans sa décision de modérer à l'avenir. Après qu'il fut sorti avec ses parents, la Compagnie a délibéré assez longtemps sur le sujet et a fini par charger [Bénédict] Calandrini, le président de la séance, de lui faire savoir qu'on avait été choqué de son discours, qui semblait accuser la Compagnie d'injustice et de volonté de l'humilier. Il devait aussi lui faire remarquer qu'on en avait usé au contraire avec égard puisqu'on lui avait fait donner cet avis en particulier, qu'on n'avait pas eu envie de lui faire de la peine mais qu'on avait voulu protéger son honneur et celui du Consistoire puisque sa manière de modérer avait donné lieu à des risées. Sa manière de modérer ayant fait de la peine, on avait cru que son honneur et celui de la Compagnie étaient engagés à ce qu'il ne modérât pas mais que cependant on laissait encore cette affaire à son examen. Calandrini a censuré vivement Bessonnet; celui-ci a prié qu'on lui pardonnât ce qu'il pouvait avoir dit de désobligeant pour la Compagnie, ses intentions ayant toujours été bonnes. On a résolu qu'on mettrait dans le registre qu'on avait fait ordre à Bessonnet de démissionner de la modérature et le refus qu'il avait fait d'en profiter. On dit que le roi [Louis XIV] est mort dimanche matin. Le prince [de Virade, à savoir Friedrich Wilhelm de Brandenburg-Schwedt] a la petite vérole.

Adresse

Saconnex (Genève)

Commentaire

Le début de la lettre est conservée dans les archives Turrettini 1/Gd.10.I et la fin dans 1/Gd.T.21. Quant à la date, on a pu l'établir avec précision grâce à l'allusion faite dans la lettre à une séance de la Compagnie des pasteurs qui s'était tenue le jour même et dont le contenu, explicité, a permis l'identification. Voir RCP 20, 06.09.1715, f.372.

Lieux

Émission

RĂ©ception

Saconnex (Genève)

Conservation

Genève

Cités dans la lettre