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Lettre 2243 de Samuel Turrettini à Jean-Alphonse Turrettini

[Angleterre] 18.12.1711 [07.12.1711 (v.s.)]

J'ai reçû cette semaine

Turrettini remercie JA de lui avoir envoyé sa lettre de même qu'une recommandation pour l'évêque de Londres [Henry Compton] ; par contre celles qui doivent venir par Amiot ne sont pas encore arrivées. [Ludwig Friedrich] Bonet avait promis à Turrettini qu'à son retour d'Oxford, il l'introduirait chez différentes personnes mais, comme il est fort occupé, il a ensuite dit qu'il chargerait Chamberlayne de cela. Pour le moment, toujours en raison de ses occupations, il n'a pas pu l'accompagner chez C...

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[Angleterre] 18.12.1711 [07.12.1711 (v.s.)]


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.T.21


J'ai reçû cette semaine


Turrettini remercie JA de lui avoir envoyé sa lettre de même qu'une recommandation pour l'évêque de Londres [Henry Compton] ; par contre celles qui doivent venir par Amiot ne sont pas encore arrivées. [Ludwig Friedrich] Bonet avait promis à Turrettini qu'à son retour d'Oxford, il l'introduirait chez différentes personnes mais, comme il est fort occupé, il a ensuite dit qu'il chargerait Chamberlayne de cela. Pour le moment, toujours en raison de ses occupations, il n'a pas pu l'accompagner chez Chamberlayne. Il a vu en revanche l'évêque de Salisbury [Gilbert I Burnet] et ses fils [William, Gilbert II et Thomas I] et en a reçu un très bon accueil; l'évêque l'a invité à venir le voir souvent. L'aîné [William] et le cadet [Thomas I] se destinent au droit et sont au Temple Bar, il n'y a que le deuxième [Gilbert II] qui soit auprès de son père et qui songe à une carrière ecclésiastique. Il a rencontré aussi, chez l'évêque de Salisbury, celui de Bangor [John II Evans] et celui de Carlisle [Nicolson] avec lesquels il a dîné. Il a également rencontré quelques ministres français dont Primerose de l'Église wallonne, [Brutel] de La Rivière, [Grostête] de La Mothe et Aufrère de la Savoie, Graverol de Leicesterfield et Mesnard l'aîné [Jean (?)] chapelain de la reine [Anne Stuart] ; il a vu aussi quelques laïcs comme de La Roche qui publie en anglais des mémoires de littérature, [Pierre I] Coste, qui a traduit le livre sur l'entendement humain de Locke, Desmaizeaux qui a étudié jadis à Genève. Il a su par [Richard] de Vendargues que plusieurs ministres se sont montrés chagrinés, ayant appris que Genève s'écartait de la bonne orthodoxie et que cela allait même jusqu'au socinianisme. Rivals lui a dit la même chose, que Genève était fort suspecte aux yeux de plusieurs ministres, qu'elle penchait du côté du socinianisme, que JA en particulier et [Antoine I] Léger manifestaient ce penchant. Turrettini s'est montré très surpris et lui a demandé d'où pouvaient venir ces bruits. Rivals a répondu que Delpech l'affirmait haut et fort et qu'il avait du crédit en raison du bon témoignage qu'il avait reçu à Genève. Il a ajouté qu'on avait trouvé dans le De pace protestantium de JA quelque chose qui confirmait le dire de Delpech: 1) JA y dit que les erreurs spéculatives n'ont pas de conséquence; or, cela veut dire qu'il croit que les idées des sociniens sur la trinité sont de peu d'importance 2) il dit que les luthériens et les réformés s'entendent sur "ce qu'on appelle" l'union personnelle comme s'il doutait de la pertinence de ce terme et par conséquent de la vérité de la chose 3) il dit que les luthériens reconnaissent avec les réformés ce qui a été décidé sur ces matières par les premiers Conciles sans marquer qu'il approuve cela. Turrettini n'a pas eu de peine à montrer le peu de fondement de ces soupçons; on peut toujours trouver des hérésies dans les discours les plus orthodoxes quand on utilise ce genre d'argumentations. Rivals en a convenu avec lui. Turrettini a ajouté quelques bons motifs qui doivent rendre suspects les discours de Delpech. Selon Rivals ce genre de bruits empêchent bien des étudiants d'aller étudier à Genève; Turrettini a pourtant appris qu'un étudiant venait de partir pour Genève et un autre le fera au printemps prochain. [Louis] Saurin lui a même dit que l'on songeait à établir un fonds pour envoyer de temps à autre des jeunes gens étudier à Genève. L'on craint en effet de manquer de ministres d'ici quelques temps. Il a aussi demandé si on ne pouvait pas faire quelque chose à Genève en faveur d'étudiants pauvres et méritants; on pourrait d'ici subvenir à une partie de leurs besoins et Genève pourrait prendre en charge le reste. Turrettini a été chez Bonet pour lui parler de la harangue [De adulterati christianismi] que JA lui a envoyée mais il ne l'a pas trouvé. Il sait par ailleurs qu'il l'a bien appréciée et que JA a très bien restitué le caractère d'[Ézéchiel] Spanheim. L'attitude très favorable à la France des ministres de la reine au sujet de la paix a fait craindre la possibilité d'une nouvelle restauration en faveur du prince de Galles [James Francis Edward Stuart]. Plusieurs évêques ont ordonné dans leurs diocèses qu'on prêchât fort contre le papisme. Burnet lui a dit ne pas nourrir ces appréhensions. Le Parlement s'est assemblé aujourd'hui et Turrettini a eu le plaisir de voir la reine faire sa harangue dans la Chambre des Lords. Elle a dit que le roi de France [Louis XIV] lui avait fait des propositions de paix et qu'elle avait marqué une place pour les conférences mais que, pour pouvoir faire une bonne paix, on devait penser à trouver l'argent pour soutenir la guerre au cas où la paix n'aboutirait pas. Il paraît que plusieurs seigneurs se sont emportés contre les propositions de paix qui ont été faites et que le Parlement a décidé qu'on ne ferait jamais une paix dans laquelle l'Espagne et les Indes seraient laissées entre les mains de Philippe [Philippe V].

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Angleterre

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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