223 Lettres

Lettre 1291 de Samuel Werenfels Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Bâle 06.07.1700 [26.06.1700]

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Le rabbin est revenu avec un témoignage assez favorable écrit probablement de la main de JA; il l'a montré au père de l'expéditeur [Peter] et l'a laissé chez celui-ci en se promettant de venir le chercher le lendemain. Or, il se trouve que le père l'a malheureusement perdu; il l'a cherché mais en vain. Le rabbin est très profondément affecté par cette perte, au point de dire qu'il aurait préféré plutôt perdre sa main droite. Pour essayer de le consoler, Werenfels lui a dit qu'il écrirait à Genèv...

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Bâle 06.07.1700 [26.06.1700]


Lettre autographe, signée, adressée. (L)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.W.3

Budé, Lettres, III, p.410-412. Traduite en français. Omissions. Extrait dans Hermanin, Werenfels, p.85.


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Le rabbin est revenu avec un témoignage assez favorable écrit probablement de la main de JA; il l'a montré au père de l'expéditeur [Peter] et l'a laissé chez celui-ci en se promettant de venir le chercher le lendemain. Or, il se trouve que le père l'a malheureusement perdu; il l'a cherché mais en vain. Le rabbin est très profondément affecté par cette perte, au point de dire qu'il aurait préféré plutôt perdre sa main droite. Pour essayer de le consoler, Werenfels lui a dit qu'il écrirait à Genève pour voir s'il était possible d'en obtenir un autre semblable au premier. Que pense-t-on à Genève du livre d'Ostervald [Traité des sources de la corruption]? On a écrit à Berne en disant que [Louis I] Tronchin l'avait patronné mais que d'autres le désapprouvaient. Il craint que cette affaire ne suscite un orage dans la patrie, Ostervald lui en a envoyé un exemplaire et en le parcourant Werenfels s'est rendu compte qu'il y avait des choses qui ne peuvent pas plaire aux Bernois. Si l'auteur a des amis à Berne, il faudrait que ceux-ci puissent s'en faire les défenseurs contre ceux qui l'attaqueraient. Il ne sait pas s'il y a des choses dans le livre que l'auteur entend dans un sens hérétique; ce qui est sûr, c'est que Werenfels les entend dans un sens orthodoxe. Il a lu du reste l'ouvrage avec grand plaisir. S'il peut faire quelque chose pour prévenir ou calmer les troubles, il le fera très volontiers mais à condition qu'on ne sache pas à Berne ni à Bâle que cette affaire lui tient à cœur. À Bâle, on a fait naître des soupçons fâcheux sur ce livre et Werenfels n'a personne avec qui en parler librement. Qu'en est-il à Genève? De l'avis de Werenfels 1) il faut convaincre les gens que la polémique née autour de cet ouvrage est surtout une controverse de mots 2) que l'ouvrage ne contient pas d'opinions hétérodoxes susceptibles de froisser les théologiens mais certaines vérités qui peuvent être un peu rudes à entendre, notamment sur la corruption du christianisme et sur l'excessive sévérité à l'égard des piétistes 3) qu'une des causes des réactions si violentes est à chercher dans la critique que l'auteur développe à l'égard du coccéïanisme dont beaucoup de ses adversaires sont imbus. Certainement le coccéïanisme est un grand mal dans l'Église; chaque jour surgissent de nouvelles interprétations bizarres et insensées et ceux qui s'y opposent sont taxés de socinianisme ou d'arminianisme. Dans leurs mains, la théologie devient un savoir purement fantastique et leurs partisans des fanatiques, comme Horch, Reitz et König. C'est incroyable de voir à quel point cette secte s'est répandue en Hollande, en Allemagne même parmi les luthériens et en Suisse enfin où ses partisans ne font que croître chaque jour. Dans les académies, on rend suspects tous ceux qui ne partagent pas le coccéïanisme; les jeunes ne sont envoyés que dans les académies où on étudie ce qu'ils appellent les études scripturaires et prophétiques. On en fait chaque jour l'expérience à Bâle par où passent les gens qui vont étudier en Hollande et qui vont à peine saluer Werenfels. Même chose à Genève où dans le temps se rendaient beaucoup de candidats au ministère pour y étudier à la fois la théologie et le français et qui ne sont plus actuellement envoyés là-bas. Des hommes de qualité sont soupçonnés d'on ne sait quelle hétérodoxie tout simplement parce qu'ils ne suivent pas les doctrines coccéiennes. Mais, assez sur ce sujet! Pour revenir à ce que Werenfels disait au début, il serait bien disposé à rendre des services à l'ouvrage d'Ostervald. Il se réjouit de ce que les Italiens commencent à s'occuper de philosophie. Il voudrait pouvoir lire ce qui se publie de part et d'autre sur la controverse concernant la conversion de la Chine dont Sylvestre, qui lui a apporté la lettre de JA, lui a parlé.

Adresse

Genève


Lieux

Émission

Bâle

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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