32 Lettres

Lettre 150 de Jean-Alphonse Turrettini Ă  Johann Heinrich Gernler

[Genève] 24.02.1690 [14/24.02.90]

Il est bien tems

Il est temps de recommencer l'échange épistolaire, interrompu par les glaces hivernales. En réalité, JA ferait mieux d'accuser sa paresse puisqu'il y a eu très peu de glaces cet hiver et que le jour présent fait penser à un jour de juillet. Mis à part quelques brouillards, il fait un temps analogue depuis le commencement de l'année. La taille-douce de son père est achevée. Il faudrait que Gernler passe en chercher un certain nombre d'exemplaires, à distribuer aux professeurs de Bâle et de Zurich...

[Genève] 24.02.1690 [14/24.02.90]


Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Öffentliche Bibliothek der Universität (Basel), Ki. Ar. 130b 278 (n.f.)

Extrait dans Hermanin, Werenfels, p. 48, n.2.


Il est bien tems


Il est temps de recommencer l'échange épistolaire, interrompu par les glaces hivernales. En réalité, JA ferait mieux d'accuser sa paresse puisqu'il y a eu très peu de glaces cet hiver et que le jour présent fait penser à un jour de juillet. Mis à part quelques brouillards, il fait un temps analogue depuis le commencement de l'année. La taille-douce de son père est achevée. Il faudrait que Gernler passe en chercher un certain nombre d'exemplaires, à distribuer aux professeurs de Bâle et de Zurich qui étaient en rapport avec son père. Il laisse le choix à la prudence de Gernler mais il faut absolument que [Samuel] Werenfels et Zwinger fils [Johann Rudolf] l'aient. Il a écrit deux fois au premier, qui lui a répondu fort obligeamment. C'est un homme qu'il estime énormèment et dont il demande à Gernler de cultiver l'amitié pour lui. Il voudrait aussi avoir tout ce qu'il publie, notamment toutes ses thèses De Logomachiis Eruditorum. Il possédait la première mais on la lui a escroquée. Naturellement Gernler et son frère pourront prendre pour eux autant de copies de la taille-douce qu'ils voudront. Sans doute le frère de Gernler [Theodor] a-t-il déjà été reçu ministre. JA est donc encore bien en retard par rapport à lui. À peine a-t-il lu son lieu commun et quelques traités de théologie. Il s'est jeté du côté de la critique et de l'hébreu et trouve énormement de plaisir dans ce genre d'études. Ce qui lui fait en ce moment le plus de peine est la composition. Avant il détestait l'hébreu et aimait les dissertations, maintenant c'est tout le contraire. Il a fait deux misérables propositions (sur Jn 7,17 et Rm 13,14), qui n'ont pas déplu parce qu'on s'était préparé à agréer ce qui viendrait du fils de Turrettini; mais, pour lui, il n'en est pas satisfait. Ce qu'il aime beaucoup ce sont les disputes. Il s'escrime avec professeurs et proposants, sans cesse. Il aimerait pouvoir le faire aussi avec Gernler et pouvoir profiter de ses conseils comme à l'époque où celui-ci conduisait ses études. [Jean-Louis] Burlamaqui s'était marié avec une demoiselle [Élisabeth] Sarasin de Lyon mais il s'est à présent démarié puisque la demoiselle avait anticipé de six mois le mariage et s'était divertie avec un autre. Il n'a pas voulu gagner l'enfant d'autrui, aussi a-t-il renvoyé la dame. L'affaire fait un bruit prodigieux dans la ville. Le professeur [Philippe] Mestrezat est mort et on est partagé sur la succession. Les uns voudraient qu'on suspendît la provision pour quelques années, les autres voudraient qu'on y mît qui [Bénédict] Calandrini, qui [Jacques] Sarasin, qui [Michel] Turrettini, qui [Antoine I] Léger. JA pense que ce sera Calandrini.

Adresse

Bâle


Lieux

Émission

Genève

RĂ©ception

Bâle

Conservation

Bâle


Cités dans la lettre