Lettre 4822 de Hans Kaspar II Escher à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.E.5

Budé, Lettres, II, p.18-21. Omissions.

J'ay recu... du 18°. octobr.

Escher est de retour de la campagne depuis quelques jours seulement; les vendanges ont été exceptionnellement petites, les pires depuis cinquante ans, exception faite de celles de 1709, comme il a pu le constater en consultant ses registres. Par rapport aux autres, Escher n'a pas eu un trop mauvais résultat mais le dommage est général et le vin par conséquent très cher. Les magistrats ont sujet de redoubler leur attention pour prévenir des désordres. Le Fort lui a communiqué son mémoire [Eclaircissemens apologiques] mais il ne répondra pas à sa lettre obligeante, tout comme il a décidé de le faire pour les autres mémorialistes. Il n'est pas agréable de se voir imprimé dans ces sortes d'écrits éristiques. On débite qu'on verra bientôt un mémoire énorme de la part des Trente-Quatre; ainsi un faux pas en entraîne bien d'autres. Le public regarde cela comme une farce, dans laquelle les acteurs se rossent bien et rit à leurs dépens. Cependant cela empêche la réunion parce que cela entretient l'animosité. Il a appris qu'à Genève il y avait eu de nouvelles brouilleries dimanche passé; par la même source d'information, il s'est rendu compte qu'on n'avait pas une idée exacte dans la ville de ce qui s'était passé à Aarau et des raisons pour lesquelles la lettre projetée n'avait pas été expédiée. Escher dit à JA en confidence que dans cette lettre on voulait mettre qu'on approuvait tout ce qui s'était passé à Genève l'année dernière. Il a été surpris de cette proposition des Messieurs de Berne, qui lui a semblé aller contre la dignité des Cantons, être en contradiction avec les précédentes et encourager les novateurs. Pour parer ce coup, il a fait suspendre les délibérations zurichoises là-dessus et fait voir qu'il vaudrait mieux ne point écrire qu'écrire de telle sorte. Il sait que Son Excellence [Isaak] Steiger est du même avis. Si cependant on trouve qu'une telle lettre peut convenir à Genève, il la fera agréer avec quelques corrections. Il est dommage que son indisposition l'ait empêché d'aller à Aarau; on aurait pu former peut-être un système plus convenable. Si les Conseils genevois communiquaient l'éclatement de nouveaux accidents, cela fournirait aux Cantons l'occasion naturelle de faire des remontrances. Mais il est vrai aussi que l'expérience a montré que les lettres des Cantons alliés ne produisaient pas de grands effets. Le salut doit sortir de Genève même, en évitant tout ce qui peut irriter le peuple et en essayant de ménager autant que possible les esprits. Il ne faut pas travailler à fortifier son propre parti mais plutôt à détruire l'esprit de parti. Par ces maximes on ne tombe pas en démocratie mais on s'en garantit. Il demande enfin à JA de ménager cette lettre qu'il ne signe pas. Les lettres que les deux Cantons alliés ont envoyées à Genève depuis septembre 1734 devraient fournir aux patriotes des armes puissantes contre les novateurs.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre