Lettre 4000 de Jacques Serces à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.S.14

Si je n'ai pas eu l'honneur

C'est [Pierre] Humbert d'Amsterdam qui s'est chargé du Traité sur les miracles de Serces; il lui en donnera soit cent exemplaires en papier normal soit 82 dont 12 en papier plus fin. Il en aurait souhaité davantage de ce type-là pour les donner à des personnes du premier rang mais Humbert semble avoir rencontré des difficultés avec l'imprimeur. Il a reçu la première feuille; il en est content, bien que les caractères soient très petits. Le tout devrait être prêt pour septembre mais il se peut que la parution soit renvoyée à la fin de l'année en raison d'un long appendice qu'il vient d'envoyer. Il veut en offrir un exemplaire à JA (auquel cet ouvrage doit tout), un exemplaire à la Bibliothèque, et deux autres, respectivement à [Jean-Frédéric I] Ostervald et à [Samuel] Werenfels qui l'ont comblé d'honnêtetés lors de son passage chez eux. Werenfels sera peut-être surpris de voir que Serces diffère dans sa préface de sa V^e dissertation concernant les productions des magiciens [Dissertatio de veritate miraculorum] mais son esprit est tel qu'il prendra sûrement bien la chose. Si pourtant JA estime que l'envoi pourrait être ressenti comme une sorte de nouvelle offense, qu'il dispose à sa guise de cet exemplaire-là. Il exprime dans cet ouvrage aussi toute la vénération qu'il a pour JA dont il cite naturellement les dissertations sur le sujet [Disputatio, pars tertia et quarta, 1721 et 1722]. Il espère ne pas lui avoir fait de la peine en l'exhortant publiquement à publier plusieurs dissertations admirables qui sont encore inédites. S'il peut lui parler à cœur ouvert, il est temps qu'il cesse d'acquérir; qu'il pense plutôt à faire part aux autres de ses découvertes et à mettre en œuvre les excellents matériaux qu'il a ramassés jusqu'à présent! Il ferait par là un bien infini. Veut-il attendre qu'on lui extorque ce qu'il peut librement donner? Serces a appris que la mauvaise édition qu'on a faite en Hollande du traité d'interprétation de l'Écriture de JA [De methodo] déterminait celui-ci à en procurer une plus correcte. Il lui demande les pièces qui lui manquent dont certaines dissertations sur la vérité de la religion chrétienne (il lui donne le détail), le Sermon contre le jeu, celui pour le jubilé de la Réformation de Berne et les réponses à [Crinsoz] de Bionnens [Défense]. Il lui serait reconnaissant de lui faire parvenir tout cela, avec les brochures de ce dernier. Il a en revanche reçu la Nubes Testium. Il se dispose à partir pour Cambridge où il restera cinq ou six mois pour s'appliquer entièrement à l'anglais et s'améliorer dans la composition dans cette langue. Il a en effet l'intention d'abandonner la prédication en français; il ne pourrait jamais se résoudre à exercer son ministère dans une Église française, parmi des gens pétris d'intolérance et qui prennent en grippe tous ceux qui sortent de l'Académie de Genève. Il pense du reste que c'est très difficile pour ceux qui viennent de Genève de trouver une place parmi eux. C'est pourquoi il se jette tête baissée chez les Anglais. Quant aux nouvelles littéraires, il y a deux petits livres de Thomas Burnet, l'un De fide Christianorum, l'autre De statu mortuorum et resurgentium. Il n'a vu que le premier, très bien écrit et avec certaines choses assez hardies, comme là où il dit que la divinité de Jésus-Christ n'est pas attestée par les évangiles mais par les épîtres. L'évêque de Lichfield, [Edward] Chandler, vient de publier une défense de son livre sur les prophéties de l'Ancien Testament en réponse à Collins dont on parle avantageusement. Un certain Gordon vient de traduire en anglais les Annales de Tacite avec plusieurs discours préliminaires dont un ami de Serces fait grand cas. Par contre l'abrégé de Newton pa"r Pemberton n'est pas du tout estimé. Son prix a baissé de moitié. Un certain Woolston a publié depuis peu des brochures contre la divinité de la religion chrétienne et en particulier contre les miracles de Jésus-Christ [A Discourse] ; il va jusqu'à appeler notre Sauveur un sorcier. Il a dédié ses tracts à plusieurs évêques par pure dérision. Le gouvernement a pris des mesures contre lui. Saint-Hyacinthe cherche activement des souscriptions pour un ouvrage qu'il veut imprimer sur les droits du Créateur et de la créature; il peine puisque le plan qu'il a donné ne satisfait pas beaucoup de monde. Serces s'est entretenu plusieurs fois avec lui mais il n'entre absolument pas dans ses principes. Il vient de paraître anonymement un Essai philosophique sur l'âme des bêtes dont l'auteur est en fait Boullier. Il a commencé à le lire et il y a trouvé bien des contradictions. [Jean IV] Sarasin et [Gabriel] Cramer s'apprêtent à passer en Hollande.

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Genève

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Genève

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Genève

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