5000 Lettres

Lettre 3732 de Barthélemy Barnaud à Jean-Alphonse Turrettini

Rossinière 09.01.1727

Je vous avouë naturellement

À l'instigation de ses amis, Barnaud, qui n'était allé à Lausanne, il y a cinq ou six semaines, que pour y mener sa sœur, s'est laissé convaincre par ses amis et ses parents d'essayer d'obtenir le poste qu'Abraham de Crousaz aurait pu laisser vacant (car rien n'était moins sûr que son succès dans cette affaire, contrairement à ce que l'avenir a prouvé) ; il fit donc un billet par lequel il autorisait ses amis et parents à agir en son nom au sujet de la succession de de Crousaz. Il perdait dans l...

+ 1 pages

page 1

0356_3732-1_ug71555_turrettini_file.jpg

page 2


0357_3732-2-3_ug71556_turrettini_file.jpg

page 3

0358_3732-4_ug71557_turrettini_file.jpg

Rossinière 09.01.1727


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.B.8


Je vous avouë naturellement


À l'instigation de ses amis, Barnaud, qui n'était allé à Lausanne, il y a cinq ou six semaines, que pour y mener sa sœur, s'est laissé convaincre par ses amis et ses parents d'essayer d'obtenir le poste qu'Abraham de Crousaz aurait pu laisser vacant (car rien n'était moins sûr que son succès dans cette affaire, contrairement à ce que l'avenir a prouvé) ; il fit donc un billet par lequel il autorisait ses amis et parents à agir en son nom au sujet de la succession de de Crousaz. Il perdait dans l'échange puisque ce poste est moins bien rémunéré que celui de Rossinières, mais il est plus proche de la ville. Il ne l'a en tout cas pas obtenu, car il a été assigné à [Louis-Antoine] Curchod, pour qui ses amis se sont engagés complètement. Du reste, au vu des appuis qu'il avait, ceux qui soutenaient Barnaud ont décidé de se désister. Curchod a donc obtenu le poste au détriment de [David] Plantin qui le convoitait également ; pour ce dernier, cela aurait été un grand avancement puisqu'en dépit du fait que cela fait dix ans qu'il est membre de la classe, il est toujours sans emploi pour ne pas avoir voulu sortir de Lausanne. Il sera obligé d'ici quelques années d'accepter un petit poste, comme n'importe quel impositionnaire. Barnaud n'est de toute façon pas trop déçu car, bien qu'il soit éloigné de la ville, il a pourtant dans sa condition actuelle de nombreux avantages, dont le respect et l'affection de ses paroissiens, sûrement plus attachés que ceux des villes. Certes, il aimerait pouvoir se consacrer davantage à ses études et c'est pour cela que ses amis l'incitent à se préparer pour une profession, par exemple celle de grec, qui devrait être bientôt vacante; mais il est pour le moment trop occupé pour y penser vraiment et, en plus, il a très peu d'inclination pour une discipline en particulier. La seule chose qui lui pèse dans son état actuel, c'est la solitude. L'emploi de [François-Frédéric] de Treytorrens a été donné à [Jean-François] Dapples à qui Barnaud avait promis de ne pas le concurrencer. La malheureuse affaire du jeune [Jean-Alphonse] Rosset de Rochefort a porté tort à son père [Marc-Benjamin]. [Georges] Polier [de Bottens] qui a la gentillesse d'écrire à Barnaud toutes les semaines ne lui a encore rien dit du nouveau professeur de théologie à Lausanne [Jean-Jacques Salchli]. Lorsqu'il s'est trouvé dans cette ville, Barnaud a rencontré Salchli qui l'a exhorté à se préparer à une profession. Ce dernier lui a annoncé que son frère [Johann Rudolf] travaillait à répondre à un anonyme qui avait quelque peu maltraité ses Stricturæ. Le même Salchli a fait une leçon inaugurale qu'on n'a pas trouvée des plus intelligibles, car trop remplie d'érudition orientale; ce qu'on y a apprécié le plus, ce sont les passages concernant la tolérance. Dans ses cours, il explique la théologie latine de Pictet [Theologia christiana] et il a demandé qu'on lui permette d'être coccéien; on le lui a accordé à condition que les autres puissent être ce qu'ils veulent. Il se proposait de faire un Collège particulier mais Barnaud ne sait pas s'il aurait des étudiants. L'expéditeur est fâché de l'omission biblique qu'il a faite [dans le Nouveau Testament, 1726 (?); voir lettre 3747] et demande à JA de lui envoyer la traduction du verset qui manque. Pas plus que Polier, il ne peut conseiller une personne convenable à JA, car il ne connaît que ses contemporains, tous placés ou en passe de l'être. Il embrasse le cher Marc [Turrettini]. Il attend avec impatience la suite des thèses de JA quand il en sera à Collins [allusion à l'ouvrage The Scheme] ; la matière des prophéties lui a toujours fait le plus de peine. Il est temps que [Jean-Jacques Poullain] de La Barre ait un emploi; il le félicite d'avance du poste de Cologne, qui lui paraît très satisfaisant.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Rossinière

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

+ 1 pages

page 1

0356_3732-1_ug71555_turrettini_file.jpg

page 2


0357_3732-2-3_ug71556_turrettini_file.jpg

page 3

0358_3732-4_ug71557_turrettini_file.jpg