5000 Lettres

Lettre 3687 de Barthélemy Barnaud à Jean-Alphonse Turrettini

Lausanne 22.09.1726

J'ai reçû l'Exemplaire

Barnaud remercie pour l'envoi, de la part de la Compagnie des pasteurs de Genève, d'un exemplaire du Nouveau Testament [Genève, 1726]. À Lausanne, on attribue à Abauzit les deux Lettres sur le Mandement du Cardinal de Noailles que JA lui a également fait parvenir; quand un auteur anonyme plaît, on l'attribue volontiers à cet habile homme. Barnaud donne par la suite des nouvelles des disputes de philosophie et de théologie; en ce qui concerne la première, les deux concurrents étaien...

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Lausanne 22.09.1726


Lettre autographe, signée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.B.8

Budé, Lettres, I, p.109-114. Beaucoup d'omissions.


J'ai reçû l'Exemplaire


Barnaud remercie pour l'envoi, de la part de la Compagnie des pasteurs de Genève, d'un exemplaire du Nouveau Testament [Genève, 1726]. À Lausanne, on attribue à Abauzit les deux Lettres sur le Mandement du Cardinal de Noailles que JA lui a également fait parvenir; quand un auteur anonyme plaît, on l'attribue volontiers à cet habile homme. Barnaud donne par la suite des nouvelles des disputes de philosophie et de théologie; en ce qui concerne la première, les deux concurrents étaient [Abraham] de Crousaz et [François-Frédéric] de Treytorrens. Barnaud a été parfaitement neutre à leur égard et aurait aimé que les deux puissent avoir la chaire. Pour ce qui est de lui-même et de [Jean-Melchior] Dufresne, ils ont demandé des brevets; les deux candidats ont été satisfaits de son procédé. Crassus parut d'abord à la dispute de théologie où il impressionna son auditoire par "son feu prodigieux, et la volubilité de sa langue". S'il n'avait pas été prosélyte, il aurait été élu à la chaire de théologie; il a de toute manière obtenu ce qu'il demandait, ce qui est beaucoup plus que ce qu'aucun patriote n'a jamais obtenu. On lui a demandé ensuite de se présenter aussi à la dispute de philosophie. Il le fit, en déclarant à l'avance qu'il n'aurait aucune difficulté à l'emporter; il dit en particulier à Barnaud qu'il ne voulait pas lui faire de la peine et qu'il lui communiquerait à l'avance la solution des arguments qu'il lui opposerait s'il venait à être opposé à lui. Ses fanfaronnades déplurent à tout le monde et c'est avec joie qu'on se coalisa contre lui, en particulier après avoir su la manière odieuse dont il avait agi avec [Marc-Benjamin Rosset] de Rochefort. Heureusement sa prestation fut franchement médiocre, ne connaissant presque rien à la philosophie moderne. Quand il vint à attaquer, il le fit avec sa vivacité ordinaire à l'égard de Treytorrens mais celui-ci se joua de lui cruellement et avec beaucoup de sang-froid. Il fut ainsi exposé à la risée de tout le monde et montra que sa scolastique ne lui servait à rien en cette occasion. Il se conduisit de manière très différente avec de Crousaz et donna l'impression de craindre de lui faire du mal. Barnaud, qui savait l'homme piqué contre lui, s'en sortit néanmoins très bien contre lui. Il a du reste essuyé un demi-échec aussi pour ce qui concerne sa consécration; par vanité, il voulut être consacré dans la capitale, ce qui lui fut accordé mais à condition de donner un sermon d'épreuve et ce qu'ils appellent un "amicum colloquium" ; il s'en sortit plutôt mal, et fut censuré; il obtint tout de même la consécration mais à condition de ne jamais demander de bénéfice. Il n'a désormais qu'à rester dans son école où il pourra jaser en toute liberté. Quant à Treytorrens, il a fait de très bonnes prestations et a montré qu'il était homme à penser par soi-même et à aller droit au but; son adversaire de Crousaz a été meilleur qu'on pouvait le penser mais, à la différence de l'autre, n'a aucune originalité. Chacun des deux avait un parti à son côté et celui de de Crousaz en particulier a remué ciel et terre en sa faveur mais le résultat a dû le décevoir; il comptait en particulier sur le soutien de Tillier [II] qui l'a lâché et a appuyé de toute ses forces Treytorrens. Tout ceci a dû désoler Crousaz père [Jean-Pierre]. Dufresne et Barnaud n'avaient pas l'intention de demander quoi que ce soit mais, en voyant les bonnes dispositions qu'on avait à leur égard, décidèrent de demander des brevets, le premier pour être nommé au grand ministère de Vevey quand il sera vacant, Barnaud pour un ministère dans le voisinage de Lausanne. Le Sénat académique a chargé les curateurs d'appuyer leurs demandes et ces messieurs leur ont parlé à ce propos de manière très bienveillante, mais il y a malheureusement un règlement qui s'y oppose. Il en va de même pour de Crousaz, dont les amis ont demandé un brevet pour le grand ministère de Lausanne. On verra quelle sera l"a suite mais Barnaud a peu d'espoir. Ils ont reçu chacun, à l'exception de Crassus, trente écus blancs pour leurs frais. Ils ont fait preuve de libéralité puisqu'ils ont également accordé un suffragant à la classe de Morges et ils ont assigné un fond de mille francs, dont les intérêts devront servir à acheter une Bible des Septante et un Nouveau Testament grec à offrir aux deux étudiants les plus méritants. Ils ont rendu visite à beaucoup de professeurs; tous, à l'exception de Hortin, leur ont rendu la civilité. Les frères [Jean-Jacques et Johann Rudolf] Salchli et Laufer ont été en particulier très obligeants. Et l'un d'entre eux, Johann Rudolf Salchli, lui a même dit qu'il savait que Barnaud était un excellent élève de JA. Son frère, désormais professeur à Lausanne, est un jeune homme doux, civil, qui fera tout pour gagner la confiance de ses collègues. LL.EE. auraient avancé Ruchat s'il s'était présenté; [Gabriel] Bergier et [Georges] Polier [de Bottens] ont bien fait de rester chez eux. On a aussi discuté des Mémoires du Consensus, qui ont chagriné les messieurs bernois qui, d'après Salchli, ne pensent pourtant pas y répondre. Un laïc qui l'a apprécié a dit que l'auteur n'avait rien écrit que de vrai mais a souligné des omissions à propos de l'origine du Serment d'association. On l'attribue encore à [Jean I] Barbeyrac mais Hortin désigne Abauzit. Plusieurs jeunes Bernois ont voulu participer comme opposants dans la dispute. Ils ont fait preuve de talents naturels, de goût et de politesse. On ne peut pas en dire autant des étudiants. Ils sont éduqués à la servitude et la bonne philosophie leur est inconnue. La situation de [Louis-César] de Saussure n'a avancé en rien et on veut toujours qu'il quitte Lausanne. Il avait proposé un échange avec [Vincent] Perret qui a réfusé. LL.EE. avaient également proposé un échange avec le grand ministre d'Echallens mais la ville de Lausanne et l'Académie ont traversé ce projet, un tel échange ne pouvant se faire que par leur consentement. Barnaud est très satisfait pour ce qui concerne la marchandise et demande à JA de retenir ce qu'il a dépensé pour les frais de port et de donner le reste à Sartoris [I]. Altman, qui envoie des dissertations à JA, aimerait savoir s'il a des chances d'obtenir le titre de professeur de belles-lettres à l'Académie de Genève. Barnaud renonce à envoyer un exemplaire de leurs propres thèses puisque de Trey les a déjà fait parvenir au cousin de JA [Samuel Turrettini].

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Lausanne

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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