48 Lettres

Lettre 3416 de Jean-Pierre Crousaz  à Jean-Alphonse Turrettini

Groningue 19.09.1724

Je suis icy... depuis

De Crousaz est à Groningue depuis le début du mois; le voyage s'est très bien passé. Sa femme [Louise I] et ses filles [Louise II et Marie], lasses du Rhin, l'ont quitté à Emerich. Ils sont allés ensuite à Clèves trois jours chez le comte de Byland, puis à Doort auprès du comte de Flodroff. En attendant l'arrivée des hardes, la famille a séjourné chez [Jean I] Barbeyrac qui apparaît rajeuni, comme sa femme [Hélène] du reste. Toute la famille s'est adaptée à la bière ; mais ils ont ici aussi du b...

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Groningue 19.09.1724


Lettre originale non autographe, signée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 486 (f.43-44)


Je suis icy... depuis


De Crousaz est à Groningue depuis le début du mois; le voyage s'est très bien passé. Sa femme [Louise I] et ses filles [Louise II et Marie], lasses du Rhin, l'ont quitté à Emerich. Ils sont allés ensuite à Clèves trois jours chez le comte de Byland, puis à Doort auprès du comte de Flodroff. En attendant l'arrivée des hardes, la famille a séjourné chez [Jean I] Barbeyrac qui apparaît rajeuni, comme sa femme [Hélène] du reste. Toute la famille s'est adaptée à la bière ; mais ils ont ici aussi du bon vin, des eaux bonnes et un air plus vif; quant aux gens, il y en a beaucoup qui parlent français et sont polis. Il a été bien accueilli par les professeurs de théologie [Driessen et Verbrugge] ; il regrette seulement qu'on boive et qu'on fume autant lors de ces entretiens mais il est vrai qu'on peut se limiter. Driessen a paru édifié du refus de signer; il est orthodoxe mais il regarde toute contrainte en matière de religion comme un reste d'antichristianisme. Barbeyrac a su persuader les magistrats que toutes les formules n'étaient que des expédients des théologiens pour dominer. Driessen est tout à fait pour la liberté; il va jusqu'à rejeter le thème des causes occasionnelles et croit que l'âme agit réellement sur le corps et vice versa; que la liberté d'indifférence consiste dans le pouvoir que Dieu a donné à l'âme sur les autres facultés; que qui pense autrement renverse la souveraineté de Dieu sur ses créatures. Il s'en prend vivement à Leibniz et à ses disciples, Wolff notamment. De Crousaz l'a sollicité à publier sa réfutation des fatalistes. Quant à lui-même, il trouvera toujours en Leibniz et en Wolff d'excellents plastrons pour faire accepter ses principes aux théologiens. Son collègue de faculté Tilburg a déjà commencé ses collèges; il en fera un sur la pneumatologie et en a fait un autre sur la logique dans lequel il a prouvé que celle-ci est une science et non pas un art puisqu'elle a pour objet des choses immatérielles; de même il a montré que la logique était une partie de la philosophie et non pas un organe. Il faudra que de Crousaz travaille dur pour s'élever à un tel niveau! Il est en tout cas heureux d'être dans un pays où les magistrats ne prennent pas de part aux querelles des savants. Il se tiendra à l'écart de toute dispute. Les ecclésiastiques savent gré à de Crousaz de porter l'habit pastoral, contrairement à ses collègues. [Georges] Polier [de Bottens] a remis à de Crousaz et à Barbeyrac les dernières dissertations de JA [Disputatio, pars prima-secunda, 1724 (?)] qu'ils ont lues avec la plus gande satisfaction possible, comme tout ce qui vient de lui.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Groningue

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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