Lettre 2618 de Jean-Alphonse Turrettini à Pierre I Got

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.12.4

Je dois réponse à plusieurs

Got a appris à JA que la Généralité ne payait encore ni capital ni intérêts; aussi bien JA que son correspondant peuvent attendre mais il est craindre que cela ne fasse du tort au crédit de la nation. Il faut espérer que les choses se rétabliront grâce à la paix, après les révolutions qui se sont passées l'année dernière en Angleterre et maintenant la mort de Louis XIV. La longue minorité dans laquelle entre la France ne peut que contribuer à la tranquillité de l'Europe. On peut espérer aussi une plus grande modération en ce qui concerne la religion, le Régent [Philippe II d'Orléans] n'étant pas bigot; cela devrait favoriser le commerce, qui est dans une terrible confusion. Cet adoucissement pourrait aussi convaincre Got d'entreprendre le voyage à Genève; ce serait un grand plaisir dans l'état de faiblesse et de langueur dans lequel JA passe la plus grande partie de sa vie. Il en irait de même pour [Antoine] Rouvière, dont la maison ressemble à une infirmerie; il est le plus sain mais s'affaiblit de jour en jour et la mort du roi, dont il était à peu près le contemporain, l'a beaucoup troublé. L'État, ne pouvant pas mener à bout le dessein de la loterie, a rendu l'argent des billets; ainsi JA a retiré les 250 livres de Got et les a données à [David II] Vasserot qui les lui fera tenir. On aurait dû payer les intérêts à ceux qui, comme Got, avaient acheté les billets depuis des mois mais l'État est petit et il doit se préparer à de grandes dépenses pour les fortifications. Il est arrivé, comme Got le saura déjà certainement par la rumeur publique, un fâcheux accident dans la famille de son beau-père, l'ancien syndic [Marc] Du Pan; son fils de 12 ans [Jean IV], frère de la femme de JA, un jour qu'il n'est pas allé au Collège, de peur d'être châtié, est sorti de la ville et, après avoir rôdé quelques jours autour, s'est rendu à Thônon, où était la cour du roi de Sicile [Victor-Amédée II]. Il fut conduit devant le roi et la reine [Anne-Marie d'Orléans] qui décidèrent de le retenir et de le faire élever dans la religion catholique. Quand son père le réclama, on l'avait déjà transféré à Turin et mis entre les mains d'ecclésiastiques qui l'avaient déjà beaucoup gâté. Les prières et les larmes du père n'ont servi à rien. Il s'agit d'un fait d'une grande violence qui n'augure pas bien du futur. On a alerté les puissances alliées en Suisse ainsi que diverses personnes importantes en Angleterre et on espère pouvoir récupérer l'enfant. On dit du reste que le prince, qui est encore à Annecy, est triste et rêveur. JA transmet à Got une commission de la part de l'un de ses amis pour l'achat du thé. JA a bien reçu les livres que le destinataire lui a envoyés, à savoir celui de l'évêque de Salisbury [Burnet, The History of the Réformation, 1715, 3 vol.] et celui de Ruinard [Acta primorum martyrum] envoyé par [Jean] Le Clerc. La tante de la femme de JA, [Françoise] Perdriau Calandrini, se fait du souci pour son fils [Jean-Louis (?)] que Got a placé chez Mesplet parce qu'il n'en ont pas de nouvelles. Elle voudrait aussi connaître les conditions de l'engagement.

Adresse

Amsterdam

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Amsterdam

Conservation

Genève

Cités dans la lettre