Lettre 2375 de Jean I Barbeyrac Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 484 (f.143-144)

Extraits dans Meylan, Barbeyrac, p.103.

J'attendois... de jour à autre

Barbeyrac espère que Pluviane a rendu à JA le livre que Barbeyrac lui offre, à savoir les droits de l'Église chrétienne [Tindal, The Rights], de même qu'un sac que le Genevois avait prêté à son ami lors de son séjour à Genève. Il a appris que, depuis son départ, JA avait eu une nouvelle attaque; il est à espérer que l'air de la campagne et le lait d'ânesse lui seront profitables. On leur a dit qu'on avait renvoyé les épreuves pour la chaire de philosophie; les amis de Cal[andrini, Jean-Louis] sont apparemment à l'origine de ce renvoi, pour permettre à leur candidat de mieux se préparer. Barbeyrac est sceptique quant à la façon dont beaucoup de savants, et notamment le professeur de belles-lettres de Genève [Antoine I Maurice (?)], pratiquent les étymologies; il doute que celui-ci puisse réfuter de façon convaincante ceux qu'il attaque. Il ne suffit pas d'avoir de la mémoire et de trouver quelques ressemblances entre des termes de différentes langues. Il y avait à Berlin un professeur qui établissait des étymologies en consultant les dictionnaires de langues qu'il ne connaissait pas, sans se soucier d'examiner par l'histoire s'il y avait une relation, directe ou indirecte, entre ces langues. Il a publié des dissertations dans lesquelles il réfutait [Jean] Le Clerc avec le même dédain que celui dont fait preuve le professeur genevois. Le Clerc fait allusion au savant allemand dans sa Bibliothèque choisie [t. XV, 1708] mais sans le nommer. [Gabriel] Bergier est à Berne, chargé de transmettre aux autorités de cette ville les propositions de l'Académie et des Classes. Le Conseil a nommé une commission pour les examiner. Il a prêché quelques jours auparavant sur He 1,3 ("soutenant toutes choses par sa main puissante") et Babeyrac regrette un tel choix dont on comprend très bien les motifs. Il n'approuve pas cette politique et, s'il avait été à sa place, il aurait choisi un thème de morale; il est mieux d'emprunter le grand chemin et si Bergier, qui est considéré à Berne, avait choisi un thème de morale, il aurait peut-être contribué à combattre un préjugé qui veut que les sermons de morale soient inutiles et représentent une marque d'hétérodoxie. La montre que JA lui a offerte semble avoir quelques problèmes; en effet soit elle avance, soit elle retarde; il l'observera encore quelques temps avant de profiter éventuellement de la précaution que JA a prise. Il commence le jour même ses leçons publiques; il n'en avait pas encore fait en raison des assemblées académiques qu'ils ont tenues pour examiner plusieurs étudiants qui aspirent à l'imposition des mains.

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