Lettre 1149 de Paul L'Escot Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 488 (f.7-8)

Budé, Lettres, II, p.219-221.

J'ose me flatter

L'expéditeur a quitté la Hollande au mois de juillet dernier pour être précepteur du fils unique de l'envoyé extraordinaire à la Cour impériale de Vienne, [Coenraad] van Heemskerck. Il a entrepris le voyage seul, en traversant une bonne partie de l'Allemagne. Il y est resté jusqu'au mois de décembre quand il a dû faire, avec la famille, le voyage de retour suivant le même itinéraire. En plus de la Cour impériale, qui n'est pas aussi splendide qu'on l'imagine, il a visité celles d'Hanovre et de Wolfenbüttel; pour ce qui concerne cette dernière, il regrette de ne pas avoir pu voir la bibliothèque, qui passe pour une des plus belles et dont Leibniz est le bibliothécaire. Depuis Wolfenbüttel jusqu'en Hollande, il n'a rien vu de remarquable, excepté Hanovre qui, avec Vienne, Dresde, Leipzig et Prague, est une ville des plus agréables. Le père de son élève est maintenant ambassadeur extraordinaire en France et l'a prié de se rendre dans ce pays. Il a eu au début quelques craintes puisque, dans le fond, il est français mais, comme il n'est pas réfugié et qu'il a quitté le royaume depuis 26 ans à la suite de son père, appelé à Genève, il pourrait pratiquement passer pour Genevois. Il n'y aurait donc rien à craindre. Ses amis, et notamment [Isaac] Jaquelot, l'encouragent à partir et à s'en remettre à la providence. Il est d'autant plus content qu'il aime beaucoup son disciple et que le père est un homme très puissant qui pourra l'aider par la suite. Il sera du reste le plus circonspect possible une fois installé à Paris. Il demande à JA un service concernant une jeune fille genevoise qu'il a connue à Vienne et qui n'a depuis longtemps aucune nouvelle de sa famille. Le père est marguillier de l'Église allemande; quant à la fille, elle demeure à Vienne chez une dame charitable de la religion, qui l'aime beaucoup et s'appelle Veyer. Il serait reconnaissant à JA si celui-ci pouvait dire au père que sa fille attend avec anxiété de ses nouvelles. Il a enfin appris à Vienne de personnes qui revenaient de Hongrie qu'il y a encore dans la haute Hongrie un millier d'Églises réformées mais qu'elles sont de plus en plus persécutées: on leur enlève petit à petit leurs privilèges, on enlève les enfants et les gens vivent dans la crainte perpétuelle d'une suppression de leur religion. C'est ce qui risque bien d'arriver si Dieu ne pourvoit pas à arrêter les ennemis de la religion, le cardinal Coslonitz, les jésuites et la Cour.

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[Genève]

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RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

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