Lettre 772 de Louis Longuerue Dufour à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.L.28

Budé, Lettres, II, p.234-236. Omissions.

J'ay eu une fort

De Longuerue remercie JA de sa lettre; il était inquiet car il n'avait pas de nouvelles de son voyage et savait qu'il était parti malade et par une saison bien rude. Il est content de le savoir arrivé sain et sauf. JA pourra toujours compter sur lui mais il ne croit pas mériter le présent que son correspondant veut lui faire; il l'accepte pourtant comme gage de son amitié plutôt que de sa reconnaissance. Il doit néanmoins lui dire qu'il n'a pas reçu l'Anglia sacra [de Wharton] et que l'ami de JA qui devait venir lui rendre visite [Jean-Antoine Gautier (?)] ne l'a pas fait. Il a su pourtant de [Charles (?)] Bulteau que Baluze avait reçu son exemplaire; il faudrait que JA lui dise rapidement à qui il doit s'adresser pour retirer le livre avant qu'il ne se perde. Il sait que les libraires de Genève ne sont pas gens à payer argent comptant ce qu'ils retirent d'ici. Il est fâcheux pour quelqu'un comme JA de vivre dans un pays où les lettres ne fleurissent guère; une chose doit le consoler néanmoins, c'est qu'il aura à bas prix les livres de bibliothèques, faute d'acheteurs et de connaisseurs. De Longuerue lui signalera les livres rares et chers. Le libraire Boudot, de retour d'Amsterdam, a dit qu'il y a trouvé toutes sortes de facilités pour le commerce, pourvu que cela se fasse par terre où il faut payer 36 livres % de port, ce qui est terrible. Un marchand d'Amsterdam a traité de tous les exemplaires du Pagi à condition (?) que l'ouvrage [Critæ (?)] entier soit terminé à Pâques, l'année prochaine. Le bonhomme y travaille ferme et répond que les deux derniers volumes seront dans les mains de l'imprimeur dans un an, s'il vit. De Longuerue a écrit à Pagi en lui relatant le bon office que JA lui avait rendu auprès de l'évêque [William I] Lloyd; cela le réjouira beaucoup car il fait grand cas de l'érudition de ce savant. Il est convaincu que si on avait la paix, les savants de ce pays reprendraient le commerce avec les savants français. Sans échange des connaissances entre savants, on ne peut rien faire de bon; la République des Lettres pas moins que celle de la politique ne peut se passer de ce commerce. Longuerue espère y contribuer pour ce qui est en son pouvoir. JA pourra garder autant qu'il le voudra la traduction qu'il a faite de l'histoire de Timur-I Lang; il est fâché qu'elle soit si brouillée et si confuse mais il n'y a travaillé que pour son usage personnel et a conservé deux traductions pour les passages obscurs alors que la leçon de l'imprimé formait un aussi bon sens que celle du manuscrit. Il a pourtant jugé qu'il y avait plusieurs endroits où l'imprimé était corrompu. Il n'a eu égard qu'à l'excellent manuscrit de Picques. Si ce n'est pas clair, JA peut lui écrire et il l'éclaircira tout en lui envoyant la véritable leçon arabe. Il lui parle ainsi car il ne doute pas que son correspondant ne continue à se perfectionner dans cette langue dans laquelle il a fait tant de progrès en si peu de temps. Personne n'a fait autant de pas que lui sur une route si épineuse. Il est toujours à la disposition de JA pour ses études. Montigny remercie JA de son bon souvenir.

Adresse

Genève

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre