Lettre 4433 de Charles Peruzzis à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.P.14

Votre reputation et

La réputation de JA est bien établie partout en Europe et particulièrement dans les Cévennes où la religion de Jésus-Christ gémit sous l'esclavage. Peruzzis a donc décidé de s'adresser à lui pour lui confier un projet à propos duquel il demande la plus grande discrétion. Il a été élevé dans la religion romaine dont il a sucé depuis sa plus tendre enfance les impiétés et les superstitions. Il serait resté dans cet état si la providence ne lui avait pas ouvert les yeux. Il voit maintenant clairement le chemin qu'il doit suivre. Il a décidé de passer à Genève et de tout quitter pour s'y rendre. Même s'il abandonne beaucoup, il ne demande qu'à vivre honnêtement. Il lui raconte qui il est. Il est né à Avignon d'un père originaire de Florence; plusieurs de ses ancêtres ont été des chefs de cette ville. Sa mère est une d'Avéjean. Ce nom est connu et par les emplois honorables et par le zèle montré à l'égard de la Réforme. Il a deux oncles maternels dont l'un est évêque d'Alès et l'autre commandant des mousquetaires; le gouverneur du Languedoc de La Fare est son cousin. La famille, qui a procuré à son frère aîné une place honorable dans l'épée, a voulu en procurer une à l'expéditeur dans l'Église. Sans le consulter, ils l'ont donc engagé dans cette voie dès l'âge de 13 ans; il ne savait pas où il allait et seuls le temps, la raison et la grâce de Dieu le lui ont montré clairement. Cela fait maintenant trois ans qu'il s'éprouve et il est convaincu qu'il est dans la perdition et qu'il y restera si une main secourable ne l'aide à s'en sortir. Il demande à JA d'être cet homme charitable. Il jouit d'une situation financière et sociale très confortable (un bénéfice de 2'000 francs de rente, un revenu de 700 livres, des charges honorifiques) mais il tient tout cela pour rien et il quittera avec plaisir la maudite Egypte dans laquelle il se trouve. Si JA lui fait la grâce de l'en retirer, il amènera avec lui une personne de mérite et de vertu parfaite qu'il a l'intention d'épouser. Cette demoiselle a eu le bonheur de naître d'un père qui est né et mort dans la religion réformée. Pour que JA ne pense pas que l'envie d'épouser cette femme soit pour quelque chose dans son projet, il lui dit que, n'étant que sous-diacre, il pourrait obtenir très facilement la dispense, qui ne coûte que 1'500 francs, et que sa famille ne s'opposerait pas à son mariage. Mais s'il restait en France, ni lui ni la demoiselle ne pourraient professer la religion réformée et leur salut est plus important que toutes les richesses de ce monde. Il demande donc une place honnête à Genève; il sait bien le latin, la philosophie, l'italien, les sciences françaises (poésie, géographie, blason, histoire etc.) et un peu le grec. Il a lui-même composé des traités et a prêché dans les plus grandes chaires du royaume (Paris, Nîmes etc.). Il aurait déjà pu partir mais, n'ayant rien, il a préféré attendre. Il donne comme références les noms de Mademoiselle de Madrin et de Madame de Baudan [I], en le priant néanmoins de ne révéler ses plans à qui que ce soit.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

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