Lettre 2652 de Samuel Werenfels Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (L)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.W.3-III

Budé, Lettres, III, p.423-425. Traduite en français. Omissions. Extrait dans Hermanin, Werenfels, p.108, n.170, faussement datée du 25.03.1715.

Ingentes... tibi gratias

Werenfels remercie beaucoup JA de ce qu'il a fait pour ses affaires financières, notamment auprès de Gampert qui lui devait de l'argent; il lui demande de changer cet argent et de le garder tant qu'il n'aura pas pris de décision quant à son placement ultérieur. [Samuel II] Grynaeus a écrit à Werenfels en lui donnant des nouvelles plutôt rassurantes sur son patron [Jean-Henry] Bary. Pour en venir maintenant à sa situation, il est de retour en ville après une retraite de quatre mois; il n'en a pas retiré tout le fruit qu'il avait espéré mais elle n'a pas été inutile. Il voit au moins maintenant plus clairement tout ce qui lui manque encore. Ah, s'il avait fait cela il y a trente ans, le succès aurait été plus grand. Werenfels se demande pourquoi ces retraites sont si rares parmi eux; pourquoi n'y a-t-il pas d'endroits où l'on puisse se retirer pour un temps donné afin de réfléchir à la seule chose essentielle et où l'on puisse trouver des personnes en mesure de vous aider? Ne s'agit-il pas d'une lacune de cette Église? Il voudrait que les années qui lui restent à vivre soient utiles pour lui-même et pour les autres; il fera cela le mieux possible mais il craint de ne pas pouvoir beaucoup aider les autres et de se négliger lui-même. Maintenant il s'occupe de suivre les étudiants dans leurs travaux; il leur offre ses conseils, ils les incite à venir le voir librement mais avec peu de résultats. Il ne sait pas quoi répondre quand ils lui demandent quels livres ils peuvent lire; s'ils lisent des livres conseillés par les autres mais qu'il estime inutile, il se rendra suspect s'il les en dissuade. Bref, il trouve que leur enseignement n'est pas très rationnel mais il n'a ni l'autorité ni les qualités pour changer la situation et il n'y a personne (ou très peu de gens) pour l'aider. Certains amis l'ont rappelé en ville parce qu'ils pensaient qu'il pouvait être utile à l'Église malade. Mais si Werenfels disait sincèrement à JA tous les maux dont celle-ci souffre, son correspondant reconnaîtrait qu'il faudrait un miracle pour la guérir. C'est pourquoi il éprouve de la crainte quand il songe qu'il ne peut apporter que si peu à l'Église et que, ce faisant, il néglige son salut. Le cher [Jean-Frédéric I] Ostervald lui rendra visite en été.

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