Lettre 2604 de Hans Kaspar II Escher à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.E.5

Budé, Lettres, I, p.360-362. Omissions.

Milord Halley

Escher remercie JA de lui avoir procuré la connaissance de mylord Halley, dont les qualités l'ont charmé; il est passé par Zurich avec son gouverneur qui donne l'impression d'être une personne fort capable. Escher rougit en pensant à la manière dont on les a accueillis: Zurich est la Sparte de la Suisse protestante et la frugalité de la vie de même que le travail auquel tout le monde est soumis empêchent de se polir. Le roi d'Angleterre [George I] s'est beaucoup engagé pour aider les Cantons à trouver un accommodement avec l'abbé de Saint-Gall [Bürdigger] mais on en est encore aux termes généraux. Le nouveau ministre d'Angleterre [Cadogan (?)] est attendu à Vienne pour la fin du mois de juillet et on espère qu'on pourra arriver à quelque chose. Escher craint que le comte [Charles-François de Vintimille] du Luc ne fasse naître de nouveaux obstacles; il est capable de proposer au sujet de la Suisse mille projets éblouissants mais tous également dangereux. Pour ce qui concerne les affaires ecclésiastiques de Zurich, on est toujours dans la même confusion; les sciences tombent dans une décadence pitoyable. Escher a fait un parallèle entre la manière dont on étudiait à l'époque des Réformateurs et l'actuelle. Il ne sait pas ce que cela produira. On veut presque le faire passer pour hérétique, entre autres parce qu'il propose de réintroduire la théologie exégétique, non pas à l'exclusion de la théologie systématique mais en parallèle avec celle-ci. À l'époque de la Réforme, on n'avait que la première et maintenant on n'a que la seconde. Les deux professeurs de théologie de Zurich ne prêchent jamais et ils enseignent chacun une semaine sur deux pendant cinq heures, à quoi il faut ajouter quatre mois de vacances par an. Ils traitent le même système, quand l'un explique la première partie, l'autre se charge de la deuxième et ainsi de suite, ce qui oblige les étudiants à passer tout le temps d'une partie à l'autre. Et pour cela chaque théologien reçoit plus de 600 écus par an. Escher leur a proposé, dans un écrit, de travailler chacun chaque semaine et d'expliquer l'un l'Écriture et l'autre le système: s'ils avaient pu l'excommunier, ils l'auraient volontiers fait. Les Églises de Zurich ne communient qu'aux trois grandes Fêtes de l'année et se servent d'hosties, alors qu'à Berne on ajoute une quatrième fois au mois de septembre – ce qui fait un juste milieu entre Pentecôte et Noël – et on utilise du pain. Il y a quelque temps, certains des pasteurs zurichois avaient exprimé le souhait de se conformer aux Églises de Berne mais, comme à ce moment là l'autorité politique était accablée d'occupations, on ne prêta pas assez d'attention à cette demande. Maintenant que le Magistrat serait bien disposé à accéder à cela, certains des ecclésiastiques s'y opposent. Escher espère qu'ils seront obligés de céder. [Johann Baptista] Ott, qui est parmi les plus savants, pousse pour qu'on fasse comme à Berne et a publié un petit écrit allemand sur ce thème [Gespräch betreffend] ; l'antistès [Zeller] est de son avis.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

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