Lettre 1905 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 489 (f.251-251 bis)

Je ne vous dirai pas

Ce sont les fils d'Ostervald [Jean-Rodolphe II et Samuel] qui remettront cette lettre à JA et l'expéditeur ne dira pas grand-chose au destinataire pour les recommander. C'est du reste à cause de JA qu'il les envoie à Genève et il se fie à l'amitié et à la tendresse de son ami. Le cadet [Samuel] va étudier la philosophie; tout ce qu'Ostervald demande à JA est de le recommander aux professeurs et de l'exhorter à la piété. Il a lui-même tâché de la lui inspirer mais son fils a du feu et se trouve dans l'âge de l'inconstance. Cartier, un jeune homme qui a quitté le négoce pour étudier la théologie, accompagne l'aîné et va étudier avec lui. Il doit acquérir de la facilité dans la prédication; pour le reste, il a de la piété et connaît assez bien les langues. Ostervald l'aime beaucoup et le recommande à JA. Il est content de ce qu'on a fait pour l'Église de Leszno et de ce que JA lui raconte concernant la réunion des protestants. Il est à espérer que l'Église en Suisse s'adoucisse; celle de Neuchâtel s'expliquera, s'il le faut, d'autant plus facilement que [Charles] Tribolet en a été élu doyen. [Samuel] Werenfels ne lui a pas encore répondu mais Ostervald le sollicitera à faire le voyage de Neuchâtel et de Genève à la fin de l'été. Il le prie à la fin d'examiner l'écrit qui accompagne cette lettre; son fils lui dira dans le détail ce dont il s'agit. L'écrit [qui s'adresse à JA à la III^e personne] expose le cas de B[aillod] dont JA est déjà au courant [voir lettre 1780]. Celui-ci, ministre de son État, avait demandé à être déchargé de sa fonction tout en gardant le caractère de ministre, ce qui lui avait été accordé en raison de ses sentiments orthodoxes, même s'il avait exprimé des réserves sur le culte public, le fait de devoir distribuer la cène à des gens qu'il ne connaissait pas etc. Il promit en tout cas de prêcher de temps à autre et d'assister au culte. Or, depuis ce temps-là, il a entièrement quitté la prédication et s'est même refusé à le faire. Ils ne participe pas non plus aux assemblées publiques, vit de façon très solitaire et ne fréquente que quelques piétistes. La Compagnie n'a pas pris de mesures mais il y a des gens qui se scandalisent du fait qu'un homme qui est dans les sentiments des piétistes ait encore le caractère de ministre. On l'a fait comparaître au mois de mai et on l'a interrogé sur le ministère et le culte public. Quant au premier, il a dit qu'il en ferait les fonctions si c'était vraiment nécessaire mais qu'il préférait s'en abstenir vu les abus qu'il y a dans la prédication, il a admis s'en être retiré principalement à cause des abus qu'on en fait. Ce faisant, il espère ouvrir les yeux des chrétiens. La Compagnie lui a montré tout le mal qu'il a fait et qu'il fait, en le rendant attentif au fait qu'il a trahi les articles du serment qu'il a prononcé quand il a été consacré ministre. On aimerait donc avoir l'avis de JA; il faut bien souligner qu'il ne s'agit pas ici de la question des piétistes en général, mais de celle d'un ministre qui, de par sa fonction, serait tenu à un certain comportement alors qu'il en affiche un autre.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre