Lettre 1692 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 489 (f.115-116)

Budé, Lettres, III, p.39-42.

Je vous écris... fort tard

Ostervald et [Charles] Tribolet sont fâchés du bruit qu'on fait à Genève mais n'ont pas perdu espoir quant à une issue heureuse de l'affaire. Le danger peut venir de l'intérieur et de l'extérieur, à savoir des voisins, et c'est cette dernière probabilité qui semble la plus plausible à Ostervald. D'après ce que JA lui marque concernant la Compagnie et le Conseil, tout devrait bien aller, si on accompagne la fermeté de douceur, de prudence et de sang froid. Le nombre des gens qui préfèreront qu'on ne gêne pas les consciences grossira plutôt que de diminuer. Il y a davantage à craindre du côté de la Suisse où il faut essayer de prévenir les mauvais effets; JA a très bien fait d'écrire à Berne et à Lausanne, il faut qu'il en fasse autant avec Zurich. Il pourrait écrire à son ami [Johann Jakob I] Hottinger et lui dire qu'on discute à Genève sur le fait de la signature, qu'il y a des gens qui ne veulent pas la donner, qu'elle gêne les luthériens et qu'il voudrait savoir comment on se conduit à ce sujet à Zurich. [Johann Baptista] Ott lui a écrit récemment que les ministres de cette ville s'engagent devant le synode à enseigner la pure Parole de Dieu et la Confession helvétique; ensuite l'antistès les exhorte à ne rien enseigner contre la Formule mais sans qu'aucune signature ne soit requise. Il est sûr qu'Hottinger sera raisonnable et en parlera à son collègue [Hans Caspar (?)] Wolf. Quoi qu'il en soit, si Genève recevait des lettres défavorables de la Suisse, ce ne serait pas trop grave puisque l'on sait que les ecclésiastiques et les politiciens commencent toujours par faire du bruit et menacer mais se calment par la suite si on leur oppose de la fermeté. La même chose était arrivée à Neuchâtel, trente ans auparavant et ils ont pu faire retomber la chose en temporisant. À la fin, ils ont écrit à Berne qu'ils n'imposeraient pas ce joug aux ministres reçus et à recevoir, que le doyen et le secrétaire signeraient la Formule par communion avec le reste de la Suisse mais qu'on laisserait la liberté aux autres, tout en imposant le silence sur ces questions. C'est à ce silence donc qu'ils souscrivent, chacun pouvant avoir ses sentiments mais ne pouvant pas disputer. C'est ainsi qu'ils ont la paix; s'il y a des particularistes et des universalistes, le peuple n'en sait rien et tout le monde s'entend bien. Il espère qu'il en sera de même bientôt à Genève; il faut bien souligner l'argument des luthériens; dans la réponse de Scultetus [Daniel Severin Schultze] à [Bénédict] Pictet [Amica disceptatio] il y a des passages à fermer la bouche aux partisans du Consensus et à les faire rougir. [Émer] de Montmollin a été élu par le peuple banneret de la ville avec 764 voix contre 15 pour son adversaire. Cela fera sûrement plaisir à JA; il ne faut pas lui adresser les lettres comme s'il était conseiller d'État, comme fait JA, puisqu'il n'est que conseiller de la ville.

Adresse

Genève

Commentaire

Lieux

Émission

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre